La salubrité alimentaire, c'est de la haute voltige 🎙️
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Cet article rĂ©digĂ© par le Dr Reynold Bergen, directeur scientifique du BCRC, a Ă©tĂ© initialement publiĂ© dans le numĂ©ro de mai du magazine Canadian Cattlemen et est reproduit sur BeefResearch.ca avec la permission de l’Ă©diteur.

Les problèmes de salubritĂ© alimentaire liĂ©s au bĹ“uf canadien font rarement les nouvelles de nos jours, parce qu’ils ne se produisent pratiquement jamais. Cela n’a pas toujours Ă©tĂ© le cas. La salubritĂ© des aliments au Canada a beaucoup Ă©voluĂ© au cours du siècle dernier. Les docteures Xianqin Yang (Agriculture et Agroalimentaire Canada Lacombe) et Kim Stanford (UniversitĂ© de Lethbridge) ont rĂ©cemment passĂ© en revue cette histoire (A 99-year journey on the evolution of food safety in Canadian livestock production ; https://doi.org/10.1139/cjas-2024-0150).
Où nous avons commencé
Dans les annĂ©es 1920, près de 15 % des enfants canadiens mouraient avant l’âge de deux ans Ă cause de diverses maladies transmises par le lait, y compris la tuberculose bovine et la brucellose. La pasteurisation a permis de rĂ©soudre efficacement ces problèmes.
La tuberculose bovine peut Ă©galement ĂŞtre transmise par du bĹ“uf insuffisamment cuit, mais il est pratiquement impossible de pasteuriser efficacement diffĂ©rentes coupes de boeuf dont la taille et l’Ă©paisseur varient considĂ©rablement. La dĂ©tection du bĹ“uf potentiellement infectĂ© reposait alors sur l’identification de lĂ©sions tuberculeuses au niveau de la tĂŞte, de la poitrine et des organes internes des bovins. Ă€ part cela, la salubritĂ© de la viande Ă©tait largement basĂ©e sur le principe « si l’apparence, l’odeur ou le goĂ»t est mauvais, il est probablement prĂ©fĂ©rable de ne pas le manger ».
Le Canada a commencĂ© Ă suivre les maladies d’origine alimentaire dans les annĂ©es 1970, mais les limites des capacitĂ©s de diagnostic ont fait que le microbe responsable n’a Ă©tĂ© identifiĂ© que dans 20 % des cas. C’est ce qui a conduit au dĂ©veloppement du système canadien de dĂ©claration des maladies d’origine alimentaire. La capacitĂ© d’identifier rapidement et prĂ©cisĂ©ment les agents pathogènes chez les patients malades a grandement amĂ©liorĂ© notre capacitĂ© Ă suivre les cas de maladies d’origine alimentaire jusqu’Ă la source initiale, en temps opportun. Mais rĂ©agir aux problèmes est loin d’ĂŞtre aussi efficace que d’empĂŞcher qu’ils ne se produisent.
La course Ă l’espace
Il est important de s’assurer que les astronautes ne soient pas victimes d’une intoxication alimentaire lorsque deux ou trois d’entre eux sont entassĂ©s dans une capsule spatiale pendant des semaines, avec des couches et sans mĂ©decin. Au dĂ©part, la NASA a fixĂ© des limites strictes pour le nombre de microbes et des exigences rigoureuses pour les tests Ă effectuer avant que les aliments ne soient approuvĂ©s pour le programme spatial. Pratiquement aucun aliment n’a satisfait Ă ces normes. Après avoir jetĂ© de nombreux aliments, la NASA a dĂ©cidĂ© que garantir la salubritĂ© des aliments une fois qu’ils avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© produits ne fonctionnerait pas. Le processus de production alimentaire lui-mĂŞme devait ĂŞtre amĂ©liorĂ©.
Ils ont trouvĂ© la solution dans le manuel de construction des fusĂ©es. Les premières fusĂ©es ne pouvaient pas ĂŞtre rĂ©parĂ©es en plein vol. Tout devait donc ĂŞtre parfaitement assemblĂ© et fonctionner correctement Ă chaque fois. Cela signifiait qu’il fallait prĂŞter une attention extrĂŞme Ă chaque dĂ©tail du processus de fabrication de la fusĂ©e. La NASA a collaborĂ© avec la compagnie Pillsbury pour adapter cette approche basĂ©e sur la prĂ©vention Ă la production d’aliments pour l’espace. Ils ont identifiĂ© chaque point du processus de production oĂą les aliments pouvaient potentiellement ĂŞtre contaminĂ©s, ont dĂ©veloppĂ© des moyens efficaces pour prĂ©venir ou contrĂ´ler ces points de contamination potentiels, les ont surveillĂ©s en permanence et ont tenu des registres mĂ©ticuleux. Ce processus a fonctionnĂ©. Aucun astronaute de la NASA n’a jamais Ă©tĂ© victime d’une intoxication alimentaire dans l’espace.
Ce qui a changé
La principale prĂ©occupation en matière de salubritĂ© du bĹ“uf canadien concerne les E. coli producteurs de toxines de Shiga (ECTS), comme E. coli O157:H7. Ces bactĂ©ries ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es pour la première fois au Canada au dĂ©but des annĂ©es 1980 et les cas de maladies humaines associĂ©es aux ECTS ont gĂ©nĂ©ralement doublĂ© chaque annĂ©e au cours de cette dĂ©cennie. Les ECTS ne provoquent pas de maladie chez les animaux, de sorte qu’il n’y a pas de lĂ©sions Ă rechercher lors de l’abattage. Les bactĂ©ries sont invisibles Ă l’Ĺ“il nu et il suffit de 10 cellules d’ECTS pour provoquer une infection. Les tests alĂ©atoires sont un moyen inefficace de trouver une aiguille invisible dans une botte de foin.
Ainsi, lorsque le premier grand foyer Ă©pidĂ©mique d’ECTS a tuĂ© quatre enfants et infectĂ© 732 autres consommateurs amĂ©ricains en 1993, les rĂ©gulateurs nord-amĂ©ricains et l’industrie alimentaire ont rĂ©agi en adoptant et en mettant en Ĺ“uvre l’approche de la NASA concernant la salubritĂ© des aliments. Les points de contrĂ´le critiques qu’ils ont identifiĂ©s et les solutions qu’ils ont Ă©laborĂ©es pour faire face aux dangers potentiels en matière de salubritĂ© alimentaire ont essentiellement permis d’Ă©liminer les ECTS des carcasses de bĹ“uf (c.-Ă -d. lavage des carcasses avec la peau toujours intacte, procĂ©dures de dĂ©pouillement et d’Ă©viscĂ©ration, pulvĂ©risation des carcasses et des parures, contrĂ´le de la tempĂ©rature, assainissement des convoyeurs, des Ă©quipements de dĂ©coupe, des gants). Ă€ la fin des annĂ©es 1990, les infections Ă E. coli O157:H7 touchaient huit Canadiens sur     100 000. Ce chiffre est tombĂ© Ă quatre sur 100 000 au dĂ©but des annĂ©es 2000 et Ă un sur 100 000 en 2010. La NASA a Ă©laborĂ© les principes, mais les solutions spĂ©cifiques qui se sont avĂ©rĂ©es efficaces pour les usines de transformation du bĹ“uf ont Ă©tĂ© mises au point par des chercheurs en salubritĂ© alimentaire.
OĂą nous en sommes aujourd’hui

Les systèmes de salubritĂ© alimentaire fondĂ©s sur la prĂ©vention sont très efficaces lorsqu’ils sont mis en Ĺ“uvre et fonctionnent correctement, mais des agents pathogènes se faufilent encore de temps Ă autre (c’est pourquoi le bĹ“uf hachĂ© doit ĂŞtre cuit Ă 71 °C). Les chercheurs pensent que les bactĂ©ries se cachent dans les zones difficiles Ă nettoyer, Ă©tablissant des colonies appelĂ©es biofilms qui rĂ©sistent aux nettoyeurs Ă pression et libèrent pĂ©riodiquement des agents pathogènes qui peuvent contaminer le bĹ“uf lorsqu’il circule dans l’usine.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
La salubrité des aliments est à la base de la confiance des consommateurs et de la demande de bœuf canadien. Les chercheurs canadiens mettent au point des solutions efficaces qui contribuent à prévenir les problèmes de salubrité des aliments, et le Prélèvement canadien sur les bovins de boucherie que vous payez contribue à financer leur travail.
En bref
Plus nous apprenons, plus nous en savons et mieux nous pouvons faire. La recherche d’hier est Ă la base du bĹ“uf salubre d’aujourd’hui. La recherche d’aujourd’hui permettra d’Ă©viter les problèmes de demain. Des chercheurs canadiens Ă©tudient actuellement les biofilms et ce qu’ils apprennent va au-delĂ de la salubritĂ© des aliments. Leurs apprentissages ont aussi des implications pour la biosĂ©curitĂ© Ă la ferme et la santĂ© animale. Restez branchĂ©s pour en savoir plus.
Le Beef Cattle Research Council est une organisation industrielle Ă but non lucratif financĂ©e par le PrĂ©lèvement national sur les bovins de boucherie. Le BCRC s’associe Ă Agriculture et Agroalimentaire Canada, aux groupes provinciaux de l’industrie du bĹ“uf et aux gouvernements pour faire progresser le transfert de recherche et de technologie Ă l’appui de la vision de l’industrie canadienne du bĹ“uf, qui est d’ĂŞtre reconnue comme un fournisseur privilĂ©giĂ© de boeuf, de bovins et de gĂ©nĂ©tique sains et de haute qualitĂ©. Pour en savoir plus sur le BCRC, consultez le site  www.beefresearch.ca.
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