Analyse des aliments : un outil pour obtenir de meilleurs rendements
Un récent sondage mené auprès de plus de 300 éleveurs de vaches-veaux dans l’Ouest canadien a révélé que seulement 59 % des répondants avaient eu recours à des tests d’aliments en laboratoire au moins une fois au cours des trois dernières années. Parmi ceux qui n’avaient pas fait d’analyses, les deux tiers estimaient que cela n’était pas nécessaire car leurs animaux semblaient en bonne santé. Cependant, les carences nutritionnelles subcliniques, telles qu’un apport insuffisant en énergie, en protéines ou en minéraux, peuvent passer inaperçues tout en réduisant progressivement les performances des animaux, ce qui entraîne une baisse des profits. De plus, la qualité du fourrage peut varier considérablement au sein d’un même champ et d’une année à l’autre.

Bien que les tests d’aliments puissent sembler être une dépense supplémentaire, cet investissement est rentable car il permet aux producteurs de prendre des décisions éclairées concernant l’équilibre des rations, l’efficacité alimentaire et la santé du troupeau.
Voici trois scénarios qui illustrent comment les tests d’aliments peuvent permettre de réaliser des économies ou de protéger les revenus dans les exploitations vache-veau.
Scénario 1 : Réduire les coûts d’alimentation tout en maintenant la condition physique des bovins
Les tests d’aliments et l’équilibrage des rations permettent aux producteurs d’intégrer en toute confiance des aliments alternatifs ou moins coûteux sans compromettre la santé des bovins — Cela est particulièrement utile lorsque les prix du foin sont élevés ou que la disponibilité du fourrage est limitée.
Dans cet exemple, le passage à la ration mixte permet d’économiser 6 750 $ sur 90 jours pour 100 vaches.
Considérons une période d’alimentation de 90 jours en milieu de gestation pour 100 vaches pesant 1 400 lb et ayant un indice de condition corporelle (ICC) de 3,0 au début de l’hiver, à une température de -10 °C. Le tableau 1 compare deux rations : l’une basée uniquement sur du foin de graminées, l’autre sur un mélange de foin d’herbe, de paille et de céréales.
Bien que la paille ait une valeur nutritive moindre, elle peut être utilisée pour remplacer efficacement une partie du fourrage dans les régimes alimentaires du début à la moitié de la gestation. Cependant, lorsque des fourrages de moindre qualité sont utilisés, un complément protéique est souvent nécessaire pour maintenir une alimentation adéquate. L’analyse du fourrage permet de déterminer les besoins exacts en compléments alimentaires, évitant ainsi une suralimentation ou une sous-alimentation.
Tableau 1. Comparaison des rations pour des vaches de 1 400 lb en milieu de gestation
Aliments pour animaux | Coût $/lb | Ration de foin (tel que nourri) | Ration de foin, paille et céréales (tel que nourri) |
---|---|---|---|
Foin de graminées (58% U.N.T., 11% PB) | $0.10 | 30 lbs | 12 lbs |
Paille d’orge (45% U.N.T., 4% PB) | $0.04 | – | 15 lbs |
Grain d’orge (83% U.N.T., 13% PB) | $0.11 | – | 4 lbs |
Minéral 1:1 | $1.00 | 0.13 lb | 0.13 lb |
Sel | $0.36 | 0.06 lb | 0.06 lb |
Vitamines A-D-E (Vitamine A 10,101 12 kUI/kg, Vitamine E 10,101 UI/kg) | $1.54 | 0.004 lb | 0.004 lb |
Vitamine E (50,000 UI/Kg) | $2.64 | 0.013 lb | 0.013 lb |
Consommation de matière sèche (28 lb recommandées) | 27 lbs | 28 lbs | |
Nutriments digestibles totaux (N.D.T.) fournis (15 lb ou 55 % recommandés) | 15.56 lbs (57%) | 15.12 lbs (54%) | |
Protéines brutes (PB) fournies (793 g ou 7 % recommandé) | 1,309 g (11%) | 979 g (8%) | |
Gain quotidien moyen | 0.6 lb | 0.3 lb | |
Coût moyen de l’alimentation ($/tête/jour) | $3.18 | $2.51 | |
Coût pour 100 vaches pour 90 jours | $28,620 | $21,870 |
Estimation réalisée à l’aide de Cowbytes version 5.41, en supposant un poids de vache adulte de 1 400 lb, une gestation de six mois, une température actuelle de -10 °C et une température du mois précédent de -5 °C, une épaisseur de poil de 1,3 cm, une vitesse du vent de 10 km/h, un gain moyen quotidien (GMQ) de 0,25 lb et un poids prévu à la naissance de 95 lb.
Dans cet exemple, le passage à la ration mixte permet d’économiser 6 750 $ sur 90 jours pour 100 vaches. L’analyse des aliments, qui coûte environ 165 $ (en supposant un échantillon de foin, de paille et de céréales à 55 $ par échantillon), est largement rentabilisée.
Même pour les producteurs qui cultivent leur propre foin, les avantages sont considérables, en particulier dans les régions qui ont connu une sécheresse prolongée ces dernières années, entraînant une pénurie de fourrage local et obligeant à réduire les troupeaux ou à acheter du foin à un prix élevé. En incorporant des aliments alternatifs, la quantité totale de foin utilisée dans l’exemple ci-dessus diminue de 60 %. Ce changement stratégique permet non seulement de réduire la dépendance au foin, mais aussi de garantir que les vaches reçoivent une alimentation adéquate à moindre coût, lorsqu’il est associé à des tests d’aliments et à un équilibrage précis des rations.
Cliquez ici pour obtenir la liste des laboratoires d’analyse des aliments pour animaux au Canada. Les forfaits de tests standard proposés par les laboratoires commerciaux coûtent entre 18$ et 200 $, selon la série de tests effectués, mais peuvent atteindre 450 $ à 500 $ pour les analyses spécialisées.
Scénario 2: Donner le bon fourrage au bon moment
Les analyses d’aliments sont également essentielles pour une répartition stratégique des nutriments, afin d’adapter la qualité du fourrage aux besoins nutritionnels des vaches à différents stades de production.
La teneur en nutriments du fourrage peut varier considérablement en fonction du degré de maturité au moment de la récolte, de la proportion de légumineuses, de la fertilité du sol et des conditions météorologiques. Une recommandation générale pour les besoins nutritionnels des vaches est de 55-60-65 % pour les U.N.T. et de 7-9-11 % pour les PB pour le milieu de la gestation, la fin de la gestation et la lactation, respectivement. Sans analyse du fourrage, il n’est pas possible de savoir si celui-ci répond à ces exigences à différents stades.
Dans cet exemple, les tests d’aliments ont permis au producteur d’économiser 1 585 $ sur les coûts pour 100 vaches.
Prenons l’exemple d’une ration à base de foin de luzerne et de graminées. Sans test, un producteur pourrait supposer une qualité moyenne du fourrage, soit environ 60 % d’U.N.T. et 9 % de PB, et équilibrer la ration en conséquence. Pour une vache de 1 400 lb, environ 32 lb de foin avec 87 % de matière sèche (2 % du poids corporel en apport de matière sèche) seraient suffisants pour les stades intermédiaire et avancé de la gestation, mais un apport supplémentaire en énergie et en protéines serait nécessaire pour la période de lactation, ce qui entraînerait des coûts supplémentaires.
Supposons que la ration de lactation, composée de foin de luzerne et de graminées, d’un complément minéral et de 3 à 4 livres de grains d’orge, ait été donnée à 100 vaches pendant environ 45 jours avant que les bovins ne soient mis au pâturage. La quantité totale de grains d’orge nécessaire s’élève à environ 7 tonnes. Si les prix étaient d’environ 250 $/tonne, le coût total serait de 1 750 $.
In contrast, feed testing can identify quality differences acEn revanche, les tests d’aliments permettent d’identifier les différences de qualité entre les stocks de foin et permettent aux producteurs de gérer plus efficacement l’alimentation animale. Par exemple, les tests peuvent révéler :
- Lot A : 53% U.N.T., 7% PB, 58% FDN
- Lot B : 58% U.N.T., 9% PB, 56% FDN
- Lot C : 63% U.N.T., 11% PB, 52% FDN
Grâce à ces informations, le producteur pourrait nourrir le lot A pendant la mi-gestation, lorsque les besoins nutritionnels sont les plus faibles, utiliser le lot B en fin de gestation et réserver le lot C, de meilleure qualité, aux vaches en lactation. Cette approche élimine le besoin de complémenter en céréales en début de lactation et permet d’utiliser plus efficacement le fourrage existant.
Tableau 2. Répartition du fourrage par stade de production pour les vaches de boucherie
Tableau 2. Répartition du fourrage par stade de production pour les vaches de boucherie | Sans analyse des aliments | Avec analyse des aliments |
---|---|---|
Forage Nutrient Data Known | No, assumed average | YesDonnées connues sur les nutriments du fourrage Non, moyenne présumée OuiYes |
Forage Allocation | Random distribution | Matched by stage |
Supplement Needed in Lactation | Yes (7 tonnes grain at $250/t = $1,750) | None (high-quality hay used) |
Cost of Feed Test (3 hay lots) | $0 | ~$165 (one sample from each lot, total three samples at $55/sample) |
Net Feed Cost Savings | $0 | $1,585 ($1,750 in grain – $165 for feed testing) |
Outcome | Unnecessary grain supplementation | EffDonnées connues sur les nutriments du fourrage Non, moyenne présumée Oui |
Scénario 3 : Prévenir les pertes dues à une alimentation insuffisante et à un mauvais état corporel
Dans cet exemple, l’analyse des aliments aurait pu permettre à cette exploitation d’économiser plus de 4 000 $ en pertes.

Prenons l’exemple du pâturage en andains : sans test d’aliments, un producteur suppose que la récolte fournit 58 % d’U.N.T. et 9 % de PB. Il décide donc de nourrir les vaches en milieu de gestation ayant une NEC de 3,0 avec cette récolte, dans l’espoir que les vaches conserveront leur condition physique pendant la période d’alimentation. Cependant, la qualité réelle du fourrage est inférieure, plus proche de 53 % d’U.N.T. et 7 % de PB. En conséquence, les vaches perdent du poids et vêlent en sous-condition physique avec une NEC de 2,5 au lieu d’une NEC idéale de 3,0.
Cette baisse de condition physique peut avoir un impact significatif sur les performances reproductives. Les vaches qui vêlent avec une NEC de 2,5 courent un risque plus élevé d’avortement (2,5 % contre 1,6 %), d’augmentation des mortinatalités (4 % contre 2,7 %) et de retard dans la reproduction. Pour un troupeau de 100 vaches, cela se traduit par au moins deux veaux vivants en moins, ce qui représente une perte de revenus de plus de 4 275 $ dans l’Ouest canadien (sur la base des prix de l’Alberta en octobre-novembre 2024, soit 415 $/100 lb et un poids de 515 lb), ou de 4 150 $ dans l’Est canadien (à 403 $/100 lb).
L’impact à long terme peut être encore plus important. Les vaches en sous-condition physique ont des taux de gestation réduits (91 % avec une NEC de 2,5 contre 94 % avec une NEC de 3,0), ce qui peut entraîner deux à trois vaches supplémentaires non gestantes dans ce troupeau et près de 8 000 $ de pertes.
Ces résultats auraient pu être évités grâce à un simple test d’aliments et à un simple ajustement de la ration, par exemple en ajoutant 3 à 4 livres de céréales, une fois le déficit nutritionnel identifié.
De même, le maïs sur pied destiné au pâturage hivernal peut sembler suffisant, mais sa teneur en nutriments varie considérablement en fonction de l’hybride, de la maturité et du rapport grains/paille de maïs. Sans analyse, les vaches risquent de ne pas atteindre leurs objectifs énergétiques ou protéiques, ce qui peut entraîner des carences cachées susceptibles de compromettre leur reproduction. Les analyses permettent de déterminer quand un apport supplémentaire en protéines est nécessaire pour adapter l’apport nutritionnel à la demande.
Tableau 3. Prévenir les pertes de productivité dues à une alimentation insuffisante
Gestion de l’état corporelv | Sans analyse des alimentsv | Avec analyse des aliments |
---|---|---|
Valeur nutritive des aliments | Surestimée (moyenne présumée : 58 % U.N.T., 9 % PB) | Testée (p. ex., 52% U.N.T., 7% PB) ) |
Supplément ajouté | Non (sous-alimentation) | Oui (p. ex., grains de céréales ou supplément protéique) |
Oui (p. ex., grains de céréales ou supplément protéique) | NEC 2.5 | NEC 3.0 |
Pertes de veaux | 2 sur 100 (avortement ou mort-né) | — |
Perte de revenus | Plus de 4 000 $ (2 veaux × 2 100 $ valeur moyenne) | — |
Coût des tests d’aliments (échantillon d’andain) | $0 | ~110 $ (2 échantillons à 55 $/échantillon)) |
Résultat | Déficit non détecté, perte de revenu | Correction en temps opportun, aucune perte de veau supplémentaire |
Autres considérations : comparaison des coûts et prévention des problèmes
Pour les producteurs qui achètent la majeure partie de leurs aliments pour animaux, faire effectuer un test avant l’achat permet de comparer directement les aliments sur la base du coût par nutriment.
Les analyses d’aliments constituent également un outil essentiel pour prévenir les problèmes coûteux et potentiellement dévastateurs liés aux moisissures, aux mycotoxines, aux nitrates et aux déséquilibres minéraux. Une simple analyse des aliments permet de détecter ces risques à un stade précoce, ce qui permet aux producteurs d’ajuster ou de mixer les aliments afin de préserver la santé et la productivité du troupeau.
En résumé :
L’analyse des aliments pour animaux est un outil de gestion peu coûteux qui fournit des résultats très utiles. Elle aide les producteurs à prendre des décisions éclairées, qu’il s’agisse d’étirer les réserves de fourrage, d’adapter l’apport nutritif selon le stade de production ou d’éviter les coûts élevés liés à une sous-alimentation en nutriments.
Dans les exploitations où chaque dollar et chaque veau comptent, un petit investissement dans l’analyse des aliments pour animaux peut éviter des pertes de plusieurs milliers de dollars et améliorer les performances globales du troupeau. Ce n’est pas seulement un test, c’est un outil qui permet d’obtenir de meilleurs rendements.
Essayez le calculateur en ligne du BCRC pour évaluer la valeur économique des aliments pour animaux en fonction de leur teneur en nutriments.
LEARN MORE:
- Outil d’évaluation de la valeur économique des aliments basés sur la teneur en éléments nutritifs, page thématique du BCRC
- Nutrition des bovins de boucherie, page thématique du BCRC
- Améliorez vos résultats grâce au pouvoir de l’analyse des aliments pour animaux , publication du BCRC
- Have You Had Your Feed Tested? par John McKinnon, publication du BCRC (Remarque : cette page web n’est actuellement disponible qu’en anglais.)
- Feed Testing the First Step in Planning Winter Feeding Program par John Campbell, The Western Producer
- Feed Tests Especially Important During Drought par John Campbell, The Western Producer (Remarque : cette page web n’est disponible qu’en anglais.)
- Liste des laboratoires d’analyse d’aliments pour animaux, BCRC
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