Vous pensez avoir un troupeau fermé ? Réfléchissez encore

Ceci est un article invité rédigé par Karin Schmid, directrice de la recherche et de la production pour Alberta Beef Producers.
Une proportion surprenante de producteurs croit qu’elle gère un troupeau fermé. L’Enquête vache-veau de l’Ouest canadien de 2017 demandait les raisons pour lesquelles certaines pratiques de gestion n’étaient pas employées dans les exploitations individuelles. Sur les quelque 25 % de répondants qui ne vaccinaient pas leurs vaches et leurs génisses contre les maladies de l’appareil reproducteur telles que la RIB et la BVD, plus de la moitié ont déclaré que la raison pour laquelle ils renonçaient à ces vaccinations était qu’ils avaient un troupeau fermé. De même, plus de 20 % des répondants n’ont pas vacciné leurs veaux contre les maladies respiratoires (grippe bovine), et 30 % d’entre eux ont indiqué que leur principale raison pour ne pas le faire était que leur troupeau est fermé.
Ce taux élevé de personnes qui croient à tort avoir un troupeau fermé n’est pas seulement un phénomène canadien. Une enquête menée en 2019 au Royaume-Uni auprès d’environ 1 000 producteurs a révélé que plus de la moitié de ceux qui déclaraient avoir un troupeau fermé avaient acheté des bovins au cours des deux dernières années. Selon l’enquête 2007-2008 du National Animal Health Monitoring System (NAHMS) du ministère américain de l’Agriculture, plus de 88% des exploitations de 50 têtes ou plus ont introduit de nouveaux bovins dans leur exploitation au cours des trois dernières années. Souvent, un troupeau fermé est simplement interprété comme étant fermé sur le plan génétique, où les taureaux de remplacement et de rattrapage sont tous élevés à la ferme, où l’insémination artificielle est la principale méthode de reproduction si de nouveaux gènes sont souhaités et où les bovins non élevés à la ferme n’entrent jamais dans l’exploitation. Mais comme la plupart des choses, c’est un peu plus compliqué que cela.
Un troupeau vraiment fermé n’élimine pas seulement l’introduction de bovins non élevés à la ferme, mais aussi le plus grand nombre possible de sources de transmission de maladies. Un troupeau fermé n’a aucun contact (même à travers une clôture) avec d’autres animaux d’élevage ou sauvages et limite l’accès des visiteurs et des prestataires de services à des zones où les bovins ne sont jamais présents. Dans un troupeau fermé, les animaux non élevés à la ferme (même les chevaux, les chiens) ne mettent jamais les pieds dans le ranch et tout animal qui quitte la maison n’y revient jamais. L’ensemble du personnel, des visiteurs et des prestataires de services appliquent des mesures de biosécurité extrêmement strictes, presque identiques à celles mises en œuvre dans les secteurs du porc et de la volaille.

Soit vous avez un troupeau fermé, soit vous n’en avez pas. Tout comme il n’existe pas de catégorie « enceinte en quelque sorte », il n’existe pas de « troupeau plutôt fermé » ou de « troupeau presque fermé ». Ces troupeaux sont ouverts.
Bien qu’un troupeau fermé soit optimal du point de vue de la biosécurité car il est difficile d’introduire une maladie dans une population complètement isolée, cela ne signifie certainement pas que vous êtes à l’abri en ce qui concerne la vaccination. Soyons réalistes : il arrive que des clôtures se brisent, que des barrières soient laissées ouvertes et que certains bovins semblent déterminés à se retrouver là où ils ne devraient pas être. Cela peut être dévastateur pour un troupeau naïf qui n’a pas été exposé à des maladies par le biais d’une exposition antérieure ou de la vaccination.
Les troupeaux fermés sont souvent difficiles à entretenir en pratique, car ils nécessitent davantage de main-d’œuvre et d’argent, et ils peuvent également présenter certains risques d’amplification des conditions génétiques récessives ou de réduction de la productivité par l’élevage en consanguinité s’ils ne sont pas gérés avec précaution.
Avez-vous :

- Acheté des génisses de relève vides ou pleines ? Des vaches pleines ou vides ? Des paires ?
- Acheté un veau orphelin ?
- Acheté une vache nourrice ?
- Acheté ou loué des taureaux ?
- Acheté ou emprunté du colostrum ?
- Utilisé des taureaux de rattrapage que vous n’avez pas élevés après la saison d’IA ?
- Fait vêler des vaches du voisin sur votre terrain, avec vos propres vaches ?
- Acheté des bovins d’engraissement ou semi-finis qui pourraient se mêler, même accidentellement, au troupeau principal ?
- Emmené des bovins, des moutons ou des chevaux à une exposition et remis avec le troupeau immédiatement après leur retour à la maison ?
- Utilisé un pâturage communautaire, partagé un bail de pâturage ou un autre pâturage avec d’autres producteurs ?
- Partagé des clôtures avec un voisin ? Des sources d’eau ?
- Emmené un animal dans une clinique vétérinaire et immédiatement remis avec les autres bovins après le traitement ?
- Partagé une remorque ? Laissé quelqu’un transporter des bovins pour vous sans nettoyer et désinfecter soigneusement sa remorque ? Transporté des bovins pour quelqu’un sans que votre remorque ait été soigneusement nettoyée et désinfectée ?
- Vécu le retour d’un animal invendu à votre domicile provenant d’un marché aux enchères ou d’une vente en consignation ?
- Eu un animal qui a sauté la clôture ou l’animal d’un voisin qui s’est retrouvé chez vous ?
- Eu un troupeau de chevreuils, d’élans ou d’autres animaux sauvages avec vos bovins ? Dans vos aires de stockage d’aliments pour animaux ?
- Mélangé différents types de bétail dans la même zone (par exemple, des vaches et des moutons) ?
- Utilisé vos propres chevaux pour le marquage ou le rassemblement de bétail d’un voisin, ramené les chevaux à la maison et remis les chevaux avec les bovins ? Permis à vos voisins d’utiliser leurs chevaux pour votre marquage ou votre rassemblement de bétail?
- Autorisé des prestataires de services (vétérinaires, nutritionnistes, camions de livraison d’aliments pour animaux, etc.) ou à des camions de pétrole et de gaz à accéder à votre exploitation sans protocole de désinfection complet ?
- Acheté du matériel d’occasion et utilisé celui-ci sans le désinfecter soigneusement ?
- Organisé un événement de promotion de marque ou une réunion chez vous sans protocole de changement de vêtements et de désinfection des bottes ?
- Fait visiter votre troupeau à des visiteurs sans protocole de changement de vêtements et de désinfection des bottes ?
- Visité une autre ferme, un marché aux enchères, une exposition, une vente ou un autre événement où des bovins sont présents sans protocole de changement de vêtements et de désinfection des bottes une fois de retour chez vous ?
Si vous avez répondu oui à une seule de ces questions, votre troupeau n’est pas fermé. Il est ouvert.
Même sans gérer un troupeau fermé, les producteurs peuvent prendre des mesures simples et pratiques pour limiter le risque de propagation des maladies. La vaccination et la mise en œuvre de protocoles de biosécurité de base (par exemple, quarantaines, lavages de bottes, etc.) sont les plus importantes d’entre elles. Les enquêtes de production menées au Canada indiquent que les taureaux sont une catégorie de bovins sous-vaccinée, puisque seulement 50 % d’entre eux, environ, reçoivent des vaccins. Il conviendrait d’accorder plus d’attention à la mise à jour des vaccinations des taureaux.
Cet article risque de déplaire à certains, car l’idée d’un « troupeau fermé » ou d’un « troupeau à un seul fer » (expression souvent entendue dans le sud de l’Alberta, qui signifie que tous les bovins d’un ranch donné ne portent qu’une seule marque) est souvent une source de fierté pour les producteurs.
J’ai récemment entendu un vétérinaire dire, lors d’une présentation, que les troupeaux fermés sont comme des licornes, dont on parle souvent mais que l’on voit rarement. Un cheval auquel on a attaché un cône sur la tête reste un cheval.
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