Fourrages sans frontières 🎙️

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Cet article rédigé par le Dr Reynold Bergen, directeur scientifique du BCRC, a été initialement publié dans le numéro de juin 2025 du magazine Canadian Cattlemen et est reproduit sur BeefResearch.ca avec la permission de l’éditeur.

Il y a environ 20 ans, Doug Wray est venu en voiture de Irricana, en Alberta, pour demander pourquoi l’industrie bovine ne finançait pas davantage la sélection des plantes fourragères. À l’époque, la réponse habituelle de l’industrie bovine aux propositions de sélection des plantes fourragères était : « Laissez le gouvernement et le secteur de la culture fourragère financer cela. »

Doug a calmement expliqué que le secteur de la culture fourragère auquel il participait n’avait pas de système de prélèvement. Ainsi, si les producteurs de bovins de boucherie voulaient de meilleures variétés fourragères, ils devaient investir dans la sélection des plantes fourragères.

Lorsque nous avons examiné la question, nous avons constaté qu’il ne restait plus beaucoup de sélectionneurs de plantes fourragères au Canada. Les universités et les administrateurs gouvernementaux ont expliqué que le faible financement de l’industrie indiquait que la sélection des plantes fourragères n’était pas une priorité. Par conséquent, les sélectionneurs à la retraite n’ont pas été remplacés, et les programmes de sélection et de gestion à long terme ont été réduits ou supprimés.

Après que l’industrie du boeuf ait commencé à investir dans la sélection des plantes fourragères (en grande partie grâce au Prélèvement canadien sur les bovins de boucherie), les universités et Agriculture Canada ont commencé à réinvestir dans une nouvelle génération de sélectionneurs de plantes fourragères. Le Canada compte moins de sélectionneurs de plantes fourragères qu’il y a 20 ans, mais ceux que nous avons sont très enthousiastes, à l’écoute de l’industrie et travaillent d’arrache-pied pour répondre aux priorités de l’industrie.

Le Dr Bill Biligetu (Université de Saskatchewan) et la Dre Annie Claessens (Agriculture et Agroalimentaire Canada, Ville de Québec) ont comparé les performances de différentes variétés fourragères dans diverses conditions de croissance à travers l’Amérique du Nord (Genotype × environment interaction patterns of dry matter yield in meadow brome, orchardgrass, tall fescue, and timothy evaluated at harsh winter sites ; DOI: 10.1002/glr2.12088).

Ce qu’ils ont fait

L’équipe de recherche a évalué les rendements de variétés enregistrées et de populations expérimentales provenant de quatre graminées fourragères pérennes différentes dans sept endroits différents à travers l’Amérique du Nord. Elle a évalué neuf bromes des prés, neuf dactyles pelotonnés, sept fétuques élevées et dix fléoles des prés. Les parcelles ont été cultivées et récoltées en 2019, 2020 et 2021 dans des conditions de zones arides en Alberta (deux coupes annuelles de dactyle pelotonné à Beaverlodge), en Saskatchewan (deux coupes des quatre graminées à Saskatoon et Swift Current), au Québec (trois coupes des quatre graminées à Saint-Augustin et Normandin) et sous irrigation dans l’Utah (cinq coupes des quatre graminées à Millville et Panguitch).

Ce qu’ils ont appris

Le brome des prés et la fléole des prés ont produit les rendements les plus élevés sur tous les sites, sauf à Normandin et Panguitch, où la fléole des prés a été surpassée par le dactyle pelotonné et la fétuque élevée.

Interactions site x variété : La variété de graminée qui a produit le rendement global le plus élevé (moyenne de tous les sites) n’a pas nécessairement produit le rendement le plus élevé sur chaque site individuel.

Lorsque la moyenne des rendements a été calculée sur l’ensemble des six sites, les trois variétés de brome des prés les plus productives étaient Armada (enregistrée par AAC Saskatoon en 2009), S9498 (une population expérimentale de l’Université de Saskatchewan) et UTMB-B (une population expérimentale de l’Utah). Ces trois variétés ont surpassé les deux variétés de brome des prés les moins productives de 8 %. Mais le rendement global élevé d’Armada s’explique par ses excellentes performances sous irrigation à Millville. Les populations expérimentales du Québec (QBP-1301) et de l’Utah (UTMB-B) ont obtenu de meilleurs résultats à Normandin, Saskatoon et Swift Current, tandis que Paddock (enregistrée par l’AAFC Saskatoon en 1987) a donné les meilleurs rendements à St-Augustin.

Dans l’ensemble, les variétés de dactyle pelotonné les plus performantes étaient AC Killarney (enregistrée par AAC Brandon en 2007) et AC Early Arctic (enregistrée par une entreprise privée de Colombie-Britannique en 2002). Elles ont donné un rendement supérieur de 10 % à celui des trois variétés de dactyle pelotonné les moins performantes. Mais encore une fois, ces deux variétés n’ont pas donné les meilleurs rendements dans tous les sites. AC Killarney a donné le meilleur rendement dans l’Utah, tandis qu’AC Early Arctic a donné le meilleur rendement à St-Augustin. D’autres variétés étaient mieux adaptées à Beaverlodge, et deux populations expérimentales ont donné le meilleur rendement à Normandin, Saskatoon et Swift Current.

La fétuque élevée n’a pas eu d’interaction variété x site ; Courtenay (enregistrée par une entreprise privée de Colombie-Britannique en 1987) et S9582 (une population expérimentale de l’Université de Saskatchewan) ont donné les meilleurs rendements dans tous les sites et ont surpassé les deux variétés les moins performantes de 53 %. Ces deux autres variétés pourraient toutefois être mieux adaptées à d’autres environnements.

Les trois variétés de fléole des prés à rendement global le plus élevé étaient CDC Tiznow (enregistrée par l’Université de Saskatchewan en 2022), Climax (enregistrée par AAC Ottawa en 1947) et une population expérimentale de l’Utah (UTM1602). Elles ont dépassé la variété la moins productive de 24 %. CDC Tiznow a donné de bons rendements à Millville, Normandin et Saskatoon, Climax a donné de bons rendements à Panguitch, et la population de l’Utah a donné les meilleurs rendements à Swift Current. Les populations expérimentales d’AAC Québec ont donné les meilleurs résultats à Saint-Augustin.

Alors, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

La variété est importante. Tous les bromes des prés ne sont pas identiques, et il en va de même pour les autres graminées et légumineuses. Cet article s’est concentré sur le rendement, mais le même concept s’applique à d’autres caractéristiques fourragères importantes. Une variété développée localement n’est pas forcément le meilleur choix pour votre situation. Parfois, une variété développée ailleurs peut être la solution idéale. L’essentiel est de choisir une variété bien adaptée à vos conditions locales, quel que soit le lieu où elle a été développée à l’origine. Au fil du temps, de similaires essais collaboratifs de différentes variétés devraient aider à élaborer des recommandations plus précises pour la sélection de variétés adaptées à différentes zones climatiques et pédologiques. Ce projet est en cours et s’est élargi pour inclure des sélectionneurs à Lethbridge, Winnipeg et Nappan.

En bref

Le soutien de l’industrie du boeuf pour la sélection des plantes fourragères est attribuable aux producteurs qui ont fait entendre leur voix. Le Beef Cattle Research Council a lancé un sondage en ligne sur le site BeefResearch.ca afin de déterminer les priorités de recherche en matière de fourrage, de bovins et de boeuf pour les cinq prochaines années. C’est votre chance de vous faire entendre!

Le Beef Cattle Research Council est une organisation industrielle à but non lucratif financée par le Prélèvement canadien sur les bovins de boucherie. Le BCRC s’associe à Agriculture et Agroalimentaire Canada, aux groupes provinciaux de l’industrie bovine et aux gouvernements afin de faire progresser le transfert de la recherche et de la technologie à l’appui de la vision de l’industrie canadienne du boeuf, qui est d’être reconnue comme un fournisseur privilégié de boeuf, de bovins et de génétique sains et de haute qualité. Apprenez-en davantage sur le BCRC sur le site www.BeefResearch.ca.

Le partage ou la réimpression des articles du www.BeefResearch.ca est généralement bienvenu et encouragé, mais cet article nécessite l’autorisation de l’éditeur d’origine.

Vos questions, commentaires et suggestions sont les bienvenus. Contactez-nous directement ou suscitez un dialogue public en publiant vos réflexions ci-dessous.

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